Comment gérer l’écrêtement Arenh ?

 

Les contrats d’achat incluant une exposition partielle au marché spot ont le vent en poupe. Une solution à examiner pour gérer le risque d’écrêtement Arenh.

 

Les achats d’énergie aussi ont leur mode et leurs marottes ! Les achats par « clics », qui permettent de fixer un prix en achetant en plusieurs fois sa quantité d’électricité l’année ou les années précédant la livraison de l’électricité, sont aujourd’hui monnaie courante chez les acheteurs. Actuellement, c’est l’exposition au prix spot qui a le vent en poupe. Dans ces contrats, l’acheteur peut fixer également son prix en amont par achats de blocs, mais il garde une partie de son approvisionnement indexé sur le marché spot. Tout le monde n’a pas sauté le pas, loin de là. L’exposition au marché comporte ses risques. Néanmoins, ce type de contrats est une solution préconisée pour gérer l’écrêtement Arenh par la consultante Thérèse Sliva-Marion, fondatrice d’Alambre Energies, qui a été acheteuse pour Lesaffre International pendant presque vingt ans. Elle est également en charge des questions gaz au sein du Cleee et elle développe des activités de formation auprès des acheteurs d’énergie.

 

En France, l’accès régulé au nucléaire historique (Arenh) offre aux clients industriels, entreprises et collectivités un prix prévisible et compétitif en cas d’envolée du marché au-dessus des 42 euros/MWh, pour une partie de leurs besoins. Néanmoins, le dépassement du plafond de l’Arenh (fixé à 100 TWh/an) conduit à un écrêtement des droits. Cette disposition est un élément d’incertitude auquel les acheteurs doivent faire face. Ainsi, au dernier guichet de novembre 2019 pour livraison en 2020, 73 fournisseurs ont demandé un total de 147 TWh d’Arenh. Ils ne recevront donc que 68 % de leur demande. Dans ce cas, les acheteurs (ou les fournisseurs pour leurs clients) achètent le complément sur les marchés. Dans la majorité des contrats, les achats pour une année « n » doivent être bouclés impérativement avant la fin de l’année « n-1 » . Si leur contrat ne le prévoit pas ou si les acheteurs n’ont pas anticipé le % d’écrêtement par l’achat d’un volume électrique en amont, ils sont exposés à l’état du marché pendant cette période courte. En 2019, le niveau des prix était relativement bas, mais en 2018, le prix de l’électricité avait fortement augmenté en fin d’année, renchérissant substantiellement le prix budgété pour nombre d’entreprises.

 

Comment gérer le risque d’écrêtement dans cette configuration ? Il existe plusieurs solutions explique Thérèse Sliva-Marion.

 

  • Dans le cas d’un achat en tranches sur le marché « futures » antérieurement à la période de livraison une solution consiste à prévoir l’écrêtement ARENH en amont par l’achat d’un « bandeau » spécifique. L’avantage est d’anticiper l’écrêtement sur une période plus longue et d’avoir une meilleure visibilité budgétaire. L’inconvénient est que l’on peut avoir sur ou sous estimé le % d’écrêtement.

 

 

  • Dans le cas d’une formule achats en portefeuille (bloc+spot) l’incertitude de la connaissance de la part ARENH écrêtée est gérée de manière plus souple. Elle peut être anticipée (comme dans le cas précédent) par un achat de bloc en amont ou au contraire ajournée au moment de la publication de l’écrêtement se laissant le choix d’arbitrer a posteriori entre spot et achat de bloc. Les acheteurs ayant la possibilité de laisser leur approvisionnement indexé sur le prix spot même pendant l’année de livraison sont dans la situation idéale pour faire face à l’écrêtement, estime Thérèse Sliva-Marion. Le marché spot fait souvent peur aux entreprises, mais, en moyenne, il reste inférieur au marché à terme, rappelle-t-elle.

 

Chaque formule de contrat comporte ses avantages et ses inconvénients. Le choix entre ces différentes options dépend de la stratégie de l’entreprise.  On ne peut cependant pas avoir en même temps, une parfaite visibilité du prix en amont et une parfaite corrélation avec le prix marché du moment. Cette réalité pour les acheteurs est souvent difficile à expliquer en interne.

 

 

Source : Europ’Energies Janvier 2020

 

Répondre